"Nous aimerions le garder, mais il faut qu'il ait ses papiers"

A l’occasion de la semaine d’intégration des étrangers, nous avons eu l’occasion d’obtenir un entretien avec l’employeur d’un jeune en situation irrégulière. En dépit de sa bonne volonté, Eliane* nous a fait part des nombreux freins rencontrés en tant qu’employeur, notamment pour embaucher de manière légale un jeune en situation irrégulière.

"J'ai rencontré Kévin* par le biais d'un agriculteur qui était venu livrer de la marchandise, à ce moment je recherchais du personnel. J’avais un dossier avec Pôle Emploi qui m’adressait des jeunes mais malheureusement ces derniers arrivaient en retard, fumaient ou ne venaient carrément pas !" nous explique avec agacement Eliane, cheffe d’entreprise.

"Nous avons un primeur de fruits et légumes, nous recevons de la marchandise au quotidien, il y a beaucoup de manutention, de rangement, des commandes à préparer, des livraisons à effectuer. Nous sommes tous polyvalents". Poursuit-elle.

Quand Eliane évoque Kévin, les superlatifs ne manquent pas pour décrire ce jeune désireux de prendre en main son avenir !

"Quand Kévin a été accepté son essai de 30 jours il s’est intégré de suite car il est souple, débrouillard si je puis dire, responsable, bien élevé, dynamique. Il est toujours disponible souriant travailleur, toujours à l’heure."

Comme l’explique l’employeur, le jeune Kévin est assuré, ses cotisations sont à jour… mais il lui manque l’essentiel : des papiers en règle.

"Nous avons fait des contrats CUI avec la mission locale et nous avons un contrat actuellement avec la CACEM qui devrait arriver à son terme. Nous voudrions bien garder Kévin car c'est un bon élément mais encore faudrait-il qu'il ait ses papiers !" déplore-t-elle.

Lors de leur première rencontre, Eliane n’a porté aucun jugement sur le fait que Kévin n’ait pas de papiers en règle."Certains ne veulent pas travailler il est normal que les étrangers essaient même avec des papiers provisoires ! Nous avons besoin de main d'œuvre pour avancer." martèle celle qui nourrit l’espoir d’un éclaircissement. "Je sais qu'il est convoqué en Préfecture, je me dis que tôt ou tard on lui délivrera des papiers".

Même si elle reconnaît qu’on ne peut pas aider tout le monde, elle aimerait au moins que les autorités puissent faciliter l’intégration de "ceux qui ont le désir de réussir, de s’intégrer et d’avancer". 

"Kévin a le désir d'avancer et de se construire un avenir nous sommes déterminés à l’aider" ; conclut-elle.

* Prénom d'emprunt 

AOD / CEB